Colloque "Aragon / Béarn : des siècles de voisinage"

Reportage de Biarn Toustém concernant ce colloque:

          Reportage n°1

          Reportage n°2

          Reportage n°3

          Reportage n°4

          Reportage n°5

 

Page du C.H.AR. dédiée au colloque:

          Colloque vu par le C.H.AR.

 

 

 

Voici ma part du travail, mis en ligne suite à une demande de María Antonia MARTÍN-ZORRAQUINO.

A partager !

 

 

 

Résumé de l'introduction de

CARTULAIRES DE LA VALLEE D'OSSAU

 

de Pierre TUCOO-CHALA

 

par Pierre MARTIN

 

 

 

Il m'a été demandé dans le cadre d'un colloque international nommé « Aragon / Béarn : des siècles de voisinage » de réaliser un résumé de l’introduction du livre de Pierre Tucoo-Chala, Cartulaires de la Vallée d'Ossau. Mais avant celui-ci, une rapide et brève biographie de l'auteur s'impose.

 

Pierre Tucoo-Chala est né à Bordeaux le 20 Avril 1924. Il a été un universitaire agrégé d'Histoire, spécialisé dans le Sud-Ouest français et l'Espagne au Moyen Age, ainsi qu'en histoire des Anglo-saxons dans les Pyrénées aux XIXe et XXe siècles. Mais il est surtout réputé pour ses travaux sur le Béarn et Gaston Fébus. Après avoir enseigné à la faculté de lettres de Bordeaux, il contribua à la fondation de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour (l'UPPA), basé à Pau. Cet érudit s'éteindra en ce début d'année 2015, le 23 Janvier.

 

***

 

 Les Pyrénées sont une terre où la tradition a toujours eu une place importante. Et s'il y a bien un endroit où cela est plus vrai qu'ailleurs, c'est en vallée d'Ossau. C'est un fait peu difficile à prouver. Pour cela, il suffit de s'y rendre : on y rencontre quelques villages de tailles importantes. Ces derniers sont d'ailleurs très actifs (pastorales, transhumances...) et sont très agréables à visiter. En effet, on y perçoit des toits en ardoise qui entourent l'église, des maisons toutes calquées sur le même modèle. Ainsi, le promeneur peut apprécier le contraste offert par le bleu du ciel ossalois, le noir des toits en ardoise et le vert des pâturages. L'industrie, le tourisme et le jacobinisme utilisés à outrance ne peuvent faire disparaître le côté traditionnel qu'a su conserver la vallée d'Ossau.

La vallée d'Ossau est une terre de la vicomté d'Oloron, elle rejoint la vicomté de Béarn en même temps que cette dernière, au début du XIe siècle. La vicomté d'Oloron disposait de droits particuliers, faisant d'elle un état dans l'état, avec une autonomie quasi-complète. On parlait alors de l' « Universitat de la Terre d'Ossau », que l'on peut alors comparer à un for (ici, est une sorte de tribunal), et ce jusqu'au XVIe siècle. Très tôt déjà, la vallée d'Ossau est tournée vers l'élevage ovins et bovins, et la famille constitue une véritable institution, très organisée.

 

I - Introduction diplomatique

 

Les archives ossaloises comprennent deux groupes : les archives communales et les archives dites du « syndicat ». Les archives communales ont très souvent disparu, sauf quelques rares documents. Les documents mentionnés à l' « Inventaire sommaire des Archives départementales des Basses-Pyrénées antérieures à 1790 » publié en 1873 ont plus la plupart disparu. Les archives dites du « syndicat » ont été dans leur totalité déposées aux archives départementales de Pau, très certainement sur une initiative de Paul Raymond.

Le dépôt d'archives des Ossalois était au premier étage du clocher de l'église Saint Vivien de Bielle, pièce nommée « segari ». Traduisons cela par « lieu sûr » ou « asile inviolable ». Les documents étaient classés dans des sacs en cuir. Mais les plus précieux d'entre eux étaient placés dans un coffre muni de trois serrures. Un système semblable a été trouvé en Aragon, en vallée du Tena. Les trois clefs étaient détenues par le jurat de Bielle, capitale (« capdulh ») de la vallée, par le jurat de Laruns, représentant de la « vie d'en haut », et par le jurat de Sainte-Colome, représentant de la « vie d'en bas ».

C'est la communauté béarnaise ayant pris le plus soin de ses archives. D'ailleurs, une expression assez répandue qui disait « qu'ey au segari de Bielle », équivalant du « c'est parole d’Évangile » pour les Catholiques.

Ce désir de conserver des documents est cependant très récent, il remonte au milieu du XIVe siècle. Les notaires ne sont apparus en Béarn qu'en 1250, et ont abandonné très vite le latin au profit de la langue vulgaire : le béarnais. Cela est valable pour les actes publics ainsi que pour les actes privés. Avant, la vie ossaloise était régie de façon orale. Les Ossalois avaient confiance en la voie orale, mais craignaient surtout le « bâton ferré ». Il faut dire que la violence était la principale réponse, dès que cela était nécessaire. Ceci dit, dès le XIIIe siècle, le droit et la justice reprennent le dessus sur la force et la violence. La Cour Majour, instance judiciaire suprême, ordonna la rédaction de documents régissant la vie et la justice en vallée d'Ossau. Les locaux s'y attelèrent avec efficacité.

L'efficacité fût telle qu'au bout de deux siècles, la place manquait pour accueillir tous les documents. Les Ossalois commençaient à être débordés dès le milieu du XVe siècle. De là, est venue l'idée de rassembler tous les documents indispensables – de base donc – en un seul et unique livre : un cartulaire. En effet, la plupart des documents étaient maltraités lors de nombreux voyages à Pau ou à Orthez (par exemple). La première tentative de réalisation d'un cartulaire d'Ossau date de 1447, avec la nomination de Cartulaire A. ce dernier, imparfait, fût ré-rédigé à la fin du XVe siècle, sous la nomination de Cartulaire B – plus connu sous le nom de Livre rouge d'Ossau. Ce dernier avait une organisation exceptionnelle, munie d'une table des matières, ce qui était bien pratique pour retrouver les documents souhaités.

 

St vivien

Église St Vivien de Bielle

 

A – Le Cartulaire A

 

Ce regroupement de 111 feuillets était doté d'une fort belle présentation: il a un format de 30 centimètres pour 23 centimètres, une couverture et reliure en cuir. La ceinture pour refermer l'ouvrage était elle aussi en cuir. Il y a de très fortes chances pour que le registre auquel nous avons affaire aujourd'hui possède encore sa présentation d'origine. Ceci dit, cela n'empêche qu'il a été utilisé à de maintes reprises, en particulier par les copistes. Ces derniers ont d'ailleurs laissé plusieurs retranscriptions et inscriptions (celles ci datant de 1472).

Ce cartulaire est divisé en plusieurs en plusieurs parties.

La première d'entre elles semble avoir été rédigée dans un délai assez bref au vu de l'écriture, homogène. Débutée dès 1447 (le Béarn est alors dirigé par Gaston IV) sous la direction de maître Guiraud de Lauga – notaire en Ossau – cette partie succède à une couverture noyée sous les inscriptions des copistes, qui se servaient de celle-ci comme d'une sorte de brouillon. Ainsi on peut y retrouver des notes telles des seings manuels, sortes de traits réalisés dans le but de tester la plume utilisée pour l'écriture. 

 

2015 02 16 22 28 14

Seings manuels, traits tracés dans le but de tester la plume.

 Le premier acte date du 14 Juillet 1443, et est transcrit aux feuillets 4 et 5. Le second quant à lui date du 18 Mars 1443, aux feuillets 5 et 6. Ces deux premiers actes sont de la même écriture. Dès le troisième acte, au verso du feuillet 6, l'écriture change, et sera la même jusqu'au feuillet 68.

Il faut savoir qu'en 1447, Guiraud de Lauga demande à Jean de Boelh de commencer ce registre. Jean de Boelh a à peine le temps de transcrire deux documents, que Guiraud de Lauga tomba malade. Il fut remplacé par Bernard de Ploo. Celui-ci fit transférer à son domicile à Laruns les pièces du « segari » de Saint Vivien, et les confia à Peyroton de Faget. Ce dernier recopia ces pièces : parmi elles, quelques raretés. Mené d'une traite, le projet fut ensuite abandonné, sans trop que l'on sache pourquoi. Cet abandon est matérialisé par les feuillets 68 et 69. Blancs. Comme pour séparer la première partie du registre du reste de celui-ci.

La seconde partie du registre débute donc au 68e feuillet et va jusqu'au 77e feuillet. Cette partie comporte des actes très brefs, écrits sur un laps de temps très court : de 1472 à 1479 (le Béarn est alors sous François Fébus). Ces actes transcrits étaient de portée générale pour la vallée d'Ossau.

C'est donc au feuillet 77 que commence la troisième et dernière partie de ce cartulaire. Elle se termine en même temps que celui-ci, au feuillet 111. Cette dernière a été rédigée par la main, d'une jolie écriture. Pierre Tucoo-Chala n'hésite pas à parler de « calligraphie ». Contrairement à la partie précédente, les actes sont ici très longs. Ils datent tous (à une exception près) des années 1451-1463. L'exception en question date de 1481.

 L'écriture semble être la fille d'une seule et unique main, et nous laisse donc supposer que cette ultime partie fut rédigée entre 1481 et 1482.

Il y a deux suppositions possibles pour stopper la rédaction de ce cartulaire : ou il n'y avait plus de feuillets disponibles ; ou la représentation matérielle qu'il proposait n'était pas au goût des jurats. Quoi qu'il en soit, il a fallu établir un second cartulaire.

 

B – Le Cartulaire B : le Livre rouge d'Ossau

 

Ce second registre est en bien des choses plus esthétique que le premier, et est une pièce exceptionnelle : qualité du papier supérieure, encres différentes pour la rédaction des actes (noir et rouge), présence d'une table des matières de neuf pages pour mieux naviguer au cours de la lecture... En somme, il est mieux considéré que son prédécesseur. D'ailleurs, de nombreux actes de celui-ci ont été recopiés dans le Cartulaire B. Ce dernier présente un format quasi-identique que le Cartulaire A : 30,5 centimètres par 20,5 centimètres. En revanche, il est plus volumineux, il possède 415 feuillets contre 111 pour le premier.

Les deux couleurs d'encres mentionnées auparavant sont volontairement utilisées pour donner du relief et de la clarté au texte. Le rouge étant utilisé pour les titres de rubriques (classement pour la table des matières oblige), les informations marginales ainsi que pour la première lettre de chaque acte. Il y a donc – bien évidement – un rôle décoratif. Si la dernière ligne d'une page n'est pas totalement occupée par un texte, elle sera comblée par un tracé à l'encre rouge.

Ainsi la clarté est travaillée au maximum. Les marges de chaque page ne varient jamais : quatre centimètres à gauche, trois centimètres et demi à droite, trois centimètres en haut et six centimètres en bas. Chaque document est séparé par un léger espace de deux centimètres. Certainement un souci d'utiliser au maximum les pages du registre. L'écriture participe aussi à la clarté simple et efficace. Elle est fine, élégante et se laisse lire sans aucun souci. S'il nous est impossible de savoir s'il y avait un ou plusieurs copistes, nous pouvons tout de même relever que l'écriture est très homogène.

Sauvé de grande justesse d'un incendie qui ravagea le dépôt des archives départementales, le Cartulaire B porte quand même les traces de ce sinistre : en effet, la quasi-totalité des pages ont la moitié inférieure brunie par l'eau utilisée lors de l’extinction de l'incendie. Ceci dit, l'intégralité des textes est lisible, et aucune page ne manque.

Le caractère exceptionnel de ce registre est aussi marqué par une constatation surprenante : toutes les pages ont un filigrane représentant une tête de vache de face, aux cornes rattachées par une sorte de bonnet, surmonté d'une boule.

 

2015 02 16 22 29 11

Filigranes utilisés pour Cartulaire B. La vache, animal béarnais par excellence.

 

Contrairement au Cartulaire A, il nous est impossible de donner une date précise pour le Cartulaire B. La faute à la perte de la couverture d'origine. Cependant, et ce grâce aux actes, il est possible de déduire que le Livre rouge d'Ossau – de son surnom – fut rédigé entre 1482 et 1492. Le Béarn était alors sous le règne de Catherine de Navarre (du moins depuis 1483, succédant à François Fébus).

En plus de recopier une partie du Cartulaire A – de façon assez fidèle – les copistes ont ajouté au Cartulaire B dans un premier temps un certain nombre de documents relatant la délimitation des pâturages en haute montagne, puis dans un second temps, un certain nombre de documents traitant de l'utilisation du bas pays au piémont, au Pont-Long (les Ossalois se disaient d'ailleurs propriétaires de cette plaine au nord de Pau). Une partie non négligeable est donc consacrée à la délimitation des terres.

Dans ce cartulaire, étaient présentes de nombreuses sentences en faveur des Ossalois. Il semblerait que les copistes ne se sont occupés des sentences contre les Ossalois. Il y a donc un manque d'objectivité.

 

II – Introduction historique

 

A – L'organisation administrative de la vallée

 

Le pouvoir central béarnais avait du mal à s'implanter en Ossau, et ce – entre autre – à cause d'une démographie très dense. En effet la Vallée d'Ossau possédait 859 maisons groupées en 25 villages. C'est plus que nulle part ailleurs en Béarn.

Le pouvoir béarnais ayant du mal à s'implanter, les conflits entre Ossalois et vicomtes n'étaient pas rares. Pour cesser cela, Guillaume-Raymond de Moncade – en 1221 – fit rédiger un for d'Ossau, accordant à la vallée une liberté plus conséquente. Le vicomte de Béarn en était tout de même le seigneur, et pouvait descendre à son château de Castet s'il le souhaitait. A en croire les sources, cela ne s'est produit que rarement. Ce château rappelait aux Ossalois qu'il y avait un seigneur au dessus d'eux.

Les Ossalois élisaient tous les ans des représentants pour administrer la vallée. Ces derniers, dits « jurats », se réunissaient pour former la jurade d'Ossau. Cette jurade se réunissait à Bielle, en l'église du village.

La vallée d'Ossau paraissait donc comme un syndicat d'hommes libres. Cependant, il y avait tout de même des maisons nobles, dites « domenjadures ». Ils pouvaient se dire seigneurs. On en comptait huit en vallée d'Ossau. Il y avait aussi deux familles issues de l'aristocratie béarnaise, qui jouaient le rôle d'arbitre ou de procureur au sein de la vallée. Il s'agissait des familles Gayrosse et Doums.

 

La vie monastique était quasiment inexistante en Ossau. Les locaux se voulaient uniques maîtres en leur vallée. Notons d'ailleurs que la vie monastique – qui relève des moines – était aussi absente en vallée d'Aspe. Cette absence a renforcé l'autonomie administrative ossaloise.

 

B – Les rapports avec les autres vallées pyrénéennes

 

Même si les Ossalois avaient bien défini les frontières de leur territoire, il arrivait que le bétail franchisse celle-ci. Cela pouvait provoquer des rixes et déconvenues entre bergers. De là, des sortes de chartes de paix – cartes de pax – sont rédigées. De nombreux exemples de celles ci sont présents dans les deux cartulaires. Ossau tenait ce type de relation avec les vallées voisines : Aspe , Barétous (en Béarn), Tena, Anso, Hecho, Biescas et les villes de Jaca et Canfranc (en Argon).

Ces textes menaient les vallées à se rencontrer. Ces rencontres, les Béarnais les appelaient « bistes » et les Aragonais « juntes ». Elles avaient lieu à la source de la rivière Gellego, à Formigal. Ces rencontres là ne réunissaient que les représentants d'Ossau et du Tena. Le principal but de ceux ci était de régler les possibles conflits survenus.

Ces mêmes textes, très précis, appuient énormément sur deux principaux points : le premier étant le droit de « carnal », c'est à dire le droit de saisie de bétail si celui-ci franchissait une frontière. Le bétail pouvait être restitué suite au paiement d'une amende. Le second point est la possibilité de rixes entre les bergers, où un tarif de compensation est prévu en fonction de la blessure infligée. La somme, correspondante à la gravité de la blessure – ou pire ! – était versée à la victime ou à ses héritiers.

Ainsi, grâce à tout cela, les montagnards n'étaient plus de simples voisins, mais bien des « pazeros », hommes de la paix à proprement parler. Ainsi, en temps de guerre, lorsque le Béarn a attaqué l'Aragon, les habitants des vallées ont su rester solidaires, et se sont donc désolidarisés de leurs vicomtés respectives. Ils firent même en sorte que le conflit s’atténue au maximum.

 

C – L'exploitation des pâturages de montagnes

 

Les pâturages en montagne étaient soumis à une réglementation très stricte. Il était par exemple interdit de poser des clôtures, ou bien il était obligatoire de faucher les prés avant la Notre Dame d'Août, le 15 de ce mois là. L'absence de clôtures ne rendait pas les terres in-divisées. En effet, il y avait deux types de montagnes : il y avait la Montagne particulière, de basse et moyenne altitude, propriété d'une paroisse ; et la Montagne générale, les « estibes » (pâturages de haute altitude), propriété de la vallée, gérée par l'Universitat de la Terre d'Ossau. Il était alors question de la délimitation entre ces deux montagnes. Question répondue par un acte transcrit dans le Livre rouge d'Ossau. Le partage de la Montagne générale était aussi une question importante, qui se devait d'avoir une réponse des plus égalitaire possible. Elle sera donc divisée en parts égales, et ce de la même manière jusqu'en 1855.

Le bétail ne pouvait circuler librement, il devait suivre le « bedat » : c'est à dire les ouvertures et les fermetures des pâturages. Ainsi, la paturages de basse et moyenne altitude sont ouverts de Mai à Juin, puis interdits en Juillet et Aout (cependant, durant ce laps de temps, les estibes sont accessibles), et de début de Septembre jusqu'à la Saint Michel (le 29 du mois), tous les pâturages sont utilisables. En saison hivernale, une interdiction générale tombait. Le berger suivait donc le calendrier dressé par les jurats, et ne pouvait donc pas exercer son activité comme bon lui semblait. Ceci dit, cela empêchait qu'il y ait beaucoup trop de bêtes pour trop peu de terres. Ceci était la principale crainte des jurats à ce sujet là.

En complément de tout cela, les troupeaux partaient en direction du piémont : c'était la transhumance hivernale.

 

D – La transhumance hivernale

 

A la Saint Michel, le 29 Septembre donc, les troupeaux se rassemblaient près d'Arudy, au pont Germé passant le Gave d'Ossau, et partaient en direction du Gave de Pau. Ils suivaient un tracé bien précis et délimité : le « Cami ossales ». Cette transhumance pouvait pousser les bergers et leurs troupeaux jusqu'à Aire-sur-Adour.

Les déplacements de ces nombreuses bêtes pouvaient causer énormément de dégâts. Ainsi, pour limiter cela, la vicomté de Béarn tente d'imposer les bergers en fonction du nombre de bêtes, et tente ainsi de prouver qu'elle a encore le contrôle en ses terres. Finalement, et ce suite à de violentes réactions venant des Ossalois, le pouvoir central abandonne l'idée de contrôler les déplacements pastoraux.

Ces nombreux déplacements vers le piémont ont fait que les territoires comme Pont-Long furent utilisés par les Ossalois. Ils se disent même propriétaires de ces terres « depuis tant de temps qu'il n'est mémoire du contraire ».

Les Ossalois ont eu recours à la force pour avoir le droit de propriété sur une terre qu'ils pensaient à eux depuis la nuit des temps. Force déployée contre les communes limitrophes au Pont-Long. Au fil des ans, Pau et les Palois changèrent de cap et se mirent à aider des Ossalois. Une réelle alliance est alors créée. Une fois gain de cause obtenu, il était convenu qu'au Pont-Long, seuls les bétails ossalois et palois pouvaient y fouler le sol. Et cela sera maintenu jusqu'en... 1960 !

Désormais, Pau et son agglomération peuvent s’étendre bien plus au nord.

Les Ossalois savaient qu'ils avaient mis au point un mode de vie qui correspondait parfaitement à la géographie de la Vallée d'Ossau. Et cela devait absolument être défendu.

Cette force de caractère, de côté semi-nomade, a valu à un grand nombre de familles ossaloises leur survie au cours des siècles. Cela explique le fait que beaucoup de ces familles aient une autre maison, au piémont. Et pour éviter toute dispersion, seul le droit d’aînesse l'emportait lors de l'héritage. Qu'il s'agisse d'un garçon ou d'une fille.

En somme, cette société – ossaloise – était très organisée et très hiérarchisée.

 

 

 

 

Sources :

 

 

Cartulaires de la Vallée d'Ossau, Pierre TUCOO-CHALA, publié par l'Escuela de Estudios Medievales et l'Instituto de Estudios Pirenaicos, à Saragosse en 1970.

 

Histoire du Béarn, Pierre TUCOO-CHALA, publié par PUF, à Paris en 1970.

 

♦ http://www.larousse.fr/

 

♦ http://fr.wikipedia.org/

 

♦ http://visites.aquitaine.fr/